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Enfin, le Président termina sa réponse en annonçant à M. Deway qu’il allait envoyer à New-York des fonds et un agent, lequel s’entendrait avec la société de colonisation pour favoriser l’émigration, en Haïti, des Africains qui désireraient y venir. Il ajouta cette considération, qui devait frapper l’esprit des citoyens des États-Unis : — « qu’en attirant cette population à Haïti, ce serait un moyen de multiplier les relations entre les deux pays et d’augmenter le commerce entre les deux peuples. »

Le 25 mai, une nouvelle lettre de Boyer à M. Dewey fut confiée au citoyen J. Granville, substitut du commissaire du gouvernement au tribunal de cassation, nommé agent du Président pour se rendre aux États-Unis et procéder à l’émigration[1]. Le même jour, Boyer adressa, par le même agent, une autre lettre à M. Charles Collins, résidant à New-York, qui l’informait que le secrétaire d’État, Imbert, avait reçu ordre de lui envoyer une certaine quantité de café, qu’on le priait de vendre pour le compte du gouvernement : les fonds qui en proviendraient, et d’autres qui pourraient lui être expédiés, serviraient à payer les dépenses que nécessiteraient les opérations de l’émigration.

Le Président ajouta : « Depuis longtemps, Monsieur, vous consacrez vos veilles à chercher les moyens d’alléger les souffrances d’une portion du genre humain, contre laquelle la prévention et le préjugé agissent avec une impitoyable rigueur. Aussi, je ne doute pas que vous ne saisissiez l’occasion qui se présente de faire triompher les efforts de votre sollicitude et ceux de vos amis. Quelle douce joie, pour des cœurs comme les vô-

  1. À cette époque, Granville travaillait aussi à la secrétairerie générale du gouvernement en qualité de chef des bureaux de la guerre.