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travail. Le règlement statuait d’ailleurs sur toutes les questions qui surgissaient d’une telle entreprise. Mais, malheureusement, les deux événemens désastreux que subit la capitale, peu après la formation de la société philanthropique, — l’incendie du 15 août et l’ouragan du 28 septembre, — la réunion de l’Artibonite et du Nord qui survint ensuite, et d’autres circonstances accessoires, tout contribua à faire évanouir le projet si désiré alors[1]. Il y eut cependant quelques émigrans venus des Etats-Unis, à leurs propres frais, et sur la certitude qu’ils acquirent d’être accueillis comme citoyens d’Haïti par le gouvernement ; ceux-là en attirèrent d’autres, en trop petit nombre il est vrai. Mais enfin, il en vint assez pour que le président Boyer donnât son attention aux mesures qu’il prescrivit par une circulaire aux commandans d’arrondissement, en date du 24 décembre 1823 ; il leur ordonna de placer les immigrans sur des terrains du domaine public, soit dans les mornes, soit dans les plaines, afin qu’ils pussent les cultiver à leur profit et en devenir propriétaires, par dons nationaux délivrés par le gouvernement.

Dans l’intervalle, l’essai de colonisation avait eu lieu à Libéria ; et les choses étaient en cet état, quand, le 4 mars 1824, M. Lowring D. Dewey, agent d’une société établie à New-York, adressa une lettre au Président où il disait : « Je sais que vous avez fait en faveur des malheureux noirs et mulâtres des offres d’une nature bienveillante, et même des informations récentes d’un de nos émigrés qui

  1. Le 3 janvier 1823, le général Inginac et quelques autres citoyens se réunirent pour proposer de nouveau à ceux de la capitale, la réorganisation de la société philanthropique de 1820 ; mais cette proposition n’eut pas de suite. Néanmoins, le zèle d’Inginac le porta à suivre une correspondance avec quelques philanthropes des États-Unis, afin de provoquer l’immigration en Haïti.