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leur premier magistrat avait mené ces négociations. Le gouvernement français ne pouvait s’étonner de ce procédé qu’on avait suivi deux fois déjà, et il est permis de croire que cette dernière publication contribua à la résolution qu’il prit, enfin, quelques mois après, sur la question de l’indépendance d’Haïti. Après avoir relaté succintement les faits relatifs aux négociations suivies entre les deux gouvernemens, de 1814 à 1824 inclusivement, la déclaration du Président se terminait ainsi :

« Je viens d’exposer les faits : je les livre au tribunal de l’opinion. Haïti sera à même de juger si son premier magistrat a justifié la confiance qu’elle a placée en lui, et le monde, de quel côté fut la bonne foi. Je me bornerai à déclarer que les Haïtiens ne dévieront jamais de leur glorieuse résolution. Ils attendront avec fermeté l’issue des événemens. Et si jamais ils se trouvaient dans l’obligation de repousser encore une injuste agression, l’univers sera de nouveau témoin de leur enthousiasme et de leur énergie à défendre l’indépendance nationale[1]. »

Après cette publication et celle d’une proclamation, du 29 novembre, qui hâtait l’ouverture de la session législative au 10 janvier 1825, Boyer adressa aux commandans d’arrondissement, une nouvelle circulaire concernant la plantation d’une grande quantité de vivres dans toutes les communes, par des corvées de troupes ; il convoqua à la capitale, dans le mois de décembre, tous ces généraux de l’armée afin de conférer avec eux sur l’issue des négocia-

  1. Peu de semaines avant la déclaration da Président d’Haïti et la publicité donnée aux pièces des négociations, le docteur Pescay avait publié au Port-au-Prince, des notes marginales en réfutation de l’écrit d’un ancien colon de Saint-Domingue qu’il réimprima à cet effet. Cette réfutation est remarquable par le style de son auteur, par la vigueur de sa logique et le patriotisme dont il fit preuve : elle contribua beaucoup à exalter l’esprit public à cette époque.