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pas imputer à l’âge avancé ni à la carrière civile de la plupart d’entre eux, cette réponse ainsi faite. Le patriotisme ne leur faisait pas défaut non plus, et ce sentiment y contribua peut-être davantage : lorsqu’il est sincère et éclairé, il porte le citoyen à réfléchir beaucoup avant d’émettre un avis ou un vote d’où peut sortir la guerre entre son pays et une puissance étrangère, parce que la guerre, quelque heureuse qu’elle soit, est toujours accompagnée de résultats désastreux. D’ailleurs, dans l’état actuel des négociations d’Haïti avec la France, il n’y avait pas lieu de désespérer de les mener à bonne fin. Si des commissaires français avaient été antérieurement traités avec égards par notre gouvernement, nos plénipotentiaires avaient été bien accueillis par le gouvernement de France. Celui-ci leur avait fait savoir à quelles conditions l’indépendance haïtienne pouvait être admise comme un fait ; mais ils lui avaient répondu, à Paris même, qu’ils ne pouvaient y consentir, et que la nation ne reviendrait jamais sur sa résolution du 1er janvier 1804, prise à l’égard de la France et même de toutes autres puissances du monde.

Il n’y avait, dans l’actualité, qu’une chose à faire, que le Sénat indiquait au Président dans un passage de sa réponse, et à laquelle le Président avait déjà pensé : c’était de livrer à la publicité, tous les documens relatifs aux négociations suivies depuis 1821 entre Boyer et les agents du gouvernement français, ou qui n’étaient qu’une correspondance pour en préparer. C’est à cela que le Président s’arrêta. Sa déclaration qui précède ces pièces est du 18 octobre, quatre jours avant la date de la réponse que lui fit le Sénat ; mais ces pièces ne furent imprimées qu’après. En suivant les erremens tracés par Pétion, Boyer satisfaisait à la juste curiosité des Haïtiens, intéressés à savoir comment