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Pour opérer l’arrestation de Richard, le général Magny avait été utilement secondé par les généraux B. Trichet, ayant sous ses ordres les 10e et 24e régimens, Prophète Daniel et Sainte-Fleur, exerçant le haut commandement des carabiniers de la garde, et Nord Alexis, qui n’était pas moins influent sur ce corps formé des anciens chevau-légers de Christophe[1]. Magny eut la judicieuse pensée, alors, de confier le commandement de la place du Cap-Haïtien à Nord Alexis, qui était l’homme le plus propre à cet office : son choix fut ratifié par le Président. Tous les autres arrondissemens du Nord furent maintenus dans la tranquillité, par les soins des généraux qui les commandaient.

Romain était bien connu pour être le chef de la faction qui voulait le bouleversement de ce département et de l’Artibonite ; mais, comme il agissait dans l’ombre et qu’il était le plus ancien général dans cette partie ; qu’il y avait de l’influence, surtout sur les 1er et 2e régimens d’infanterie, et celui d’artillerie du Cap : pour éviter une lutte sanglante dans cette ville, Magny temporisa jusqu’à l’arrivée du Président, qui devait s’y rendre. Cependant, vers la fin de mars, il se vit forcé de lui signifier de garder les arrêts dans sa propre maison[2].

Le pillage auquel la ville des Gonaïves fut livrée, avait désorganisé là révolte des généraux J. Jérôme et Dossous ; les militaires du 25e régiment s’étaient débandés pour aller mettre en sûreté leur butin dans la plaine et les montagnes avoisinantes, en apprenant la répression de la révolte à Saint-Marc et aux Verrettes. Ces généraux et leurs

  1. Les carabiniers étaient commandés par le colonel Bienaimé.
  2. Le général Magny publia dans ces circonstances une adresse à l’armée du Nord, qui servit beaucoup à fixer la fidélité de ces troupes : il en était si respecté !