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Vous connaissez trop vos obligations, pour ne pas répondre comme il convient à mon appel, et ne pas me dire votre pensée tout entière. Si, dans la société, il se rencontre parfois des âmes pusillanimes ou exaltées, manifestant (souvent contre le cri de leur conscience) des principes et des vues condamnées par la raison, qu’il m’est agréable de pouvoir me persuader du concours efficace du Sénat, dans tout ce qui tend à perpétuer la félicité et la gloire d’Haïti !

J’ai l’honneur de vous saluer avec une haute considération.

Signé : Boyer. »

Port-au-Prince, le 14 octobre 1824[1].

Ce message était évidemment une mise en demeure, pour le Sénat, de se prononcer sur les difficultés de la situation. Mais les pères conscrits, dont la réponse est également sous nos yeux, ne furent pas plus explicites sur les mesures à prendre : ils ne répondirent que le 22 octobre au Président, et d’une manière à peu près évasive. Depuis le chef de l’État jusqu’au dernier citoyen, chacun croyait tellement, dès les premiers jours de l’année 1824, à une guerre avec la France, qu’en voyant échouer la mission de MM. Larose et Rouanez comme celle qui avait été confiée au général J. Boyé l’année précédente, on s’attacha davantage à cette pensée ; et les membres du Sénat, appelés à conseiller le Président d’Haïti dans une si grave conjoncture, semblaient décliner l’honneur de lui dire résolument, de prendre des mesures qui pourraient blesser la dignité de la France, pour ne pas assumer la responsabilité de la guerre et de toutes ses conséquences,

  1. Ce document est tout entier de la main de Boyer, el fait partie des archives secrètes du Sénat.