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La conduite que tint l’adjudant-général Constant Paul en cette circonstance répondit à tous ses antécédens : il contribua à maintenir ces troupes dans leur devoir. Agissant avec la résolution qu’exigeait la rébellion de Paulin, le général Marc ordonna au chef de bataillon Guillaume d’aller opérer son arrestation avec les militaires du 8e régiment qui lui obéissaient ; car il ne fallait pas laisser à ce conspirateur le temps de penser qu’on le redoutait.

En paraissant devant la maison occupée par Paulin, Guillaume le vit sous la galerie de la rue, entouré de ceux sur qui il comptait le plus. Le chef de bataillon le somma de se rendre à discrétion aux ordres du général qui commandait provisoirement l’arrondissement, et il ordonna aux militaires du 8e de se disperser. Mais Paulin se mit en devoir de résister. Alors Guillaume enjoignit à sa troupe de faire feu sur lui et sur ceux qui l’appuyaient ; il tomba blessé mortellement de plusieurs balles, et les autres se débandèrent. Le général Marc le fit porter à l’hôpital militaire pour y être soigné : il eût été jugé après sa guérison, mais peu d’heures s’écoulèrent quand il mourut des suites de ses blessures.

Cette fin du coupable Paulin, tombant sous les balles du 8e régiment qui s’était révolté contre la tyrannie de Christophe, à cause de son colonel, est un de ces enseignemens qui se produisent souvent dans la vie des peuples. Les hommes qui aspirent à jouer un rôle politique doivent se pénétrer de la nécessité de marcher d’accord avec l’opinion publique, de la situation réelle de leur pays, pour ne pas devenir victimes de leur ambition. Paulin ne put comprendre que le système du Nord s’était évanoui devant la majesté de la République !

La rébellion était vaincue à Saint-Marc. Le chef d’es-