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gnit aux commandans d’arrondissement, de procéder immédiatement à une revue d’inspection des gardes nationales, dans les villes et len campagnes, pour leur complète organisation, leur armement et équipement ; à une revue semblable des troupes, à l’inspection des armes et de tous autres objets de guerre en dépôt dans les arsenaux et les fortifications du littoral et de l’intérieur, afin de tout maintenir en ordre pour le cas d’une défense générale du territoire de la République. Ces officiers supérieurs durent faire chacun un rapport circonstancié sur les opérations qui leur étaient prescrites, et, en se conformant d’ailleurs aux ordres spéciaux qu’ils avaient déjà reçus du Président, celui-ci les déclarait responsables envers la nation et le gouvernement, de l’exécution de toutes ces dispositions. Ces ordres spéciaux consistaient à faire transporter dans les dépôts de l’intérieur, des armes, des munitions de guerre de toute espèce, à faire planter des vivres en abondante quantité pour subvenir à la nourriture des populations, en cas d’invasion étrangère.

Aussi suffit-il de ces dispositions pour mettre tout le peuple haïtien sur pied ; chacun croyait à une attaque, à une expédition armée, immédiate, de la part de la France, seule puissance qui pouvait avoir l’intention d’envahir Haïti et d’un bout de la République à l’autre, on n’entendait que ces mots « Les blancs vont venir nous attaquer, préparons-nous à leur résister vigoureusement. » Et a l’instar du gouvernement, la plupart des familles envoyèrent en dépôt à l’intérieur, dans les montagnes surtout, du linge, du savon, des salaisons, du sel, des médicamens, etc. Quoique, en réalité, ces soins fussent superflue — la France n’étant disposée à diriger aucune expédition contre Haïti, — ce fut néanmoins une résolution admirable de la