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de cet archipel, on n’a donc aucun reproche fondé à nous faire[1]

» Cependant, quel compte nous a-t-on tenu de nos loyales dispositions ? Comment les divers gouvernemens y ont-ils répondu ? Les uns, par un silence humiliant qui blesse autant la magnanimité de la nation, qu’il est contraire aux règles prescrites par la raison ; les autres, en manifestant des prétentions dont l’injustice révolte et que l’honneur national, d’accord avec nos sentimens et nos devoirs, ne permet, dans aucun cas, d’admettre. Il est évident que l’outrage fait au caractère haïtien est un déplorable effet de l’absurde préjugé résultant de la différence des couleurs. Oui, il faut le déclarer authentiquement : ce honteux motif est le seul sur lequel est basée l’injuste politique dont nous nous plaignons. Faut-il une nouvelle preuve de cette vérité ? Nous la trouverons, ô infamie ! dans la proscription exercée aujourd’hui, plus que jamais, dans certains pays, contre les hommes de la teinte des Haïtiens[2] ; nous la trouverons dans la reconnaissance ostensible que quelques puissances ont faite, tout en déclinant nos droits, des États républicains récemment établis dans l’Amérique méridionale…[3] Enfin, l’expérience nous éclaire ; nous ne devons compter que sur notre énergie. Mais, en nous plaignant de l’injustice exercée envers nous, en prenant des précautions pour l’avenir, nous persévérerons toujours dans nos principes de loyauté »

En conséquence, la proclamation présidentielle enjoi-

  1. Ce passage était une allusion à la récente affaire passée à la Jamaïque, par l’arrestation des deux hommes de couleur et leur déportation à Haïti, sans motif réel.
  2. Encore une allusion à la déportation de Leceine et John F. Scoffery, et ans iniquités commises à la Martinique envers Bissette, Fabien, Volny, etc., dans cette année 1814.
  3. Par la Grande-Bretagne et les États-Unis.