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prospérité croissante, par suite de l’expérience acquise par le peuple dans les événemens passés, lesquels montraient le danger des discordes civiles, et la nécessité de l’union entre tous les citoyens pour pouvoir mieux résister aux ennemis extérieurs, le Président rappela comment, depuis son indépendance, Haïti avait agi envers les nations étrangères, avec une loyauté et une magnanimité exemplaires, dans l’espoir que son existence politique serait enfin reconnue par elles ; et cependant, cette conduite n’avait encore produit de la part de leurs gouvernemens que des actes qui attestaient l’absurde préjugé de la couleur réprouvé par la philanthropie[1]. Il en concluait que la plus grande unanimité de sentimens était impérieusement commandée aux Haïtiens. Il dit ensuite que la force de l’Etat s’accroissait par des témoignages certains du dévouement des citoyens de l’Est à son gouvernement libéral ; que l’agriculture était partout en progrès ; que les finances étaient dans une situation satisfaisante et qu’il avait fait opérer des réformes dans des vues d’économie ; qu’enfin, l’armée montrait toujours un excellent esprit, et que toutes les institutions se consolidaient, pour faire espérer à la patrie les plus heureuses destinées.

Déjà, par une circulaire du 16 janvier, adressée aux doyens des tribunaux civils, le grand juge leur avait notifié que le vœu du gouvernement était que, dans tous différends qui surviendraient entre des étrangers, pour affaires de commerce, les tribunaux devraient s’abstenir d’abord d’en connaître, pour laisser aux parties le soin de les faire décider par des arbitres de leur choix ; et qu’ils ne pour-

  1. La Grande-Bretagne venait de reconnaitre l’indépendance des colonies espagnoles sous le ministère de G. Canning.