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et les Haïtiens punis d’emprisonnement, les capitaines durant une année, les matelots durant trois mois. Les gardecôtes de l’Etat furent autorisés à exercer une surveillance active pour maintenir ces dispositions, en capturant les navires ou caboteurs délinquans.

Á peine cette proclamation eut-elle paru à l’étranger, que le gouverneur de l’ile danoise de Saint-Thomas et autres adjacentes, expédia un navire de guerre au Port-au-Prince, avec une dépêche adressée à Boyer et remise par M. Decastro fils, homme de couleur et sujet danois, par laquelle ce gouverneur sollicitait le Président, d’autoriser la continuation des relations comraerciales entre ces îles et la République. Á son imitation, le gouverneur hollandais de Curaçao fit une semblable démarche, tous deux promettant, du reste, d’avoir pour les Haïtiens et leurs navires, les considérations dont ils avaient toujours joui dans ces colonies. Mais le Président, en accueillant leurs envoyés avec distinction, ne voulut point déroger à une mesure générale, qu’il avait jugée utile et convenable à la dignité du pavillon haïtien[1].

Le 10 avril, il ouvrit la session législative, en prononçant un discours où se trouvaient exprimées des idées en rapport avec cette mesure et à la disposition où il était de donner ses pouvoirs au général J. Boyé, pour essayer de traiter avec le gouvernement français. Après avoir parlé de la tranquillité qui régnait dans toute la République, de sa

  1. Cette mesure fut prise, en vue surtout de la Jamaïque où les autorités ne pouvaient contenir la haine qu’éprouvaient l’assemblée coloniale et les colons, pour Haïti. En décembre suivant, on arrêta deux hommes de couleur, Louis Leceine et John F. Scoffery, sujets anglais, qu’on accusait d’être les agents de Boyer, chargés de bouleverser cette colonie. Le brig de guerre l’Hélicon vint les déposer à Jacmel. Ils se rendirent ensuite à Londres où le Parlement leur rendit justice, sur la plainte qu’ils lui portèrent. C’étaient deux hommes éclairés.