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deux frégates françaises, les 24 et 25 novembre, de l’échange de la correspondance qui avait eu lieu entre l’amiral Duperré et le Président, pour répandre le bruit « que Boyer allait livrer le pays aux Français. » Ils le firent également répandre dans tout l’Artibonite comme dans le Nord, en se ménageant des intelligences avec les généraux Joseph Jérôme et Dossous, qui étaient aux Gonaïves ; — Victor Toby, à la Petite-Rivière ; — Bazin, aux Verrettes, — et le colonel Paulin, à Saint-Marc.

Dans le plan de cette vaste conspiration, le mouvement devait se manifester en même temps dans tous ces lieux et dans la ville du Cap-Haïtien ; et, s’il réussissait au gré dès désirs coupables des conspirateurs, Romain eût été proclamé le chef du nouvel État, ainsi qu’ils se l’étaient proposé après la mort de Christophe : ils auraient repris leurs titres de noblesse pour organiser leur gouvernement aristocratique ou monarchique. Il fallait vraiment qu’ils fussent bien aveugles pour ne pas reconnaître l’inanité d’un tel dessein !

Informé de ces trames par le général Magny, le Président dut se borner à donner ses instructions au divers commandans d’arrondissemens pour surveiller les conspirateurs ; et puisqu’ils persistaient à concevoir des vues aussi perfides, malgré l’oubli du passé proclamé par le gouvernement et le maintien de chacun dans son rang et ses qualités, il fallait les laisser se manifester par des actes qui autorisassent leur juste et inflexible punition. Au Cap-Haïtien se trouvaient toujours les 10e et 24e régimens d’infanterie sous les ordres du général Bergerac Trichet, très-capable de seconder Magny contre toute tentative des 1er et 2e régimens de cette ville ; et à Saint-Marc, le Président avait laissé la plus grande partie du 1er régiment d’artillerie. Mais, ce qui de-