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plus chaude. Débarqué aux Cayes, il y fut accueilli avec empressement et il se rendit bientôt au Port-au-Prince où Boyer le reçut avec la plus grande distinction. Il avait à peine eu le temps de faire la connaissance des fonctionnaires et des citoyens notables de cette capitale, quand la fièvre jaune le saisit : en peu de jours il y succomba, le mercredi 12 juin. Sa mort fut vivement regrettée, et le Président voulut que la nation s’honorât en lui faisant des obsèques dignes des sentimens élevés qu’il professait en faveur de la race noire tout entière et des Haïtiens en particulier. À cet effet, son corps fut placé sur un lit, de parade dans la maison du colonel Louis Rigaud où il logeait, puis sur un ehar funéraire que suivirent le Sénat en corps, les grands fonctionnaires, les magistrats de l’ordre judiciaire, les autres autorités civiles, les officiers militaires et les citoyens réunis en foule ; le convoi était escorté par un détachement de la garde du Président d’Haïti, musique en tête et précédé du clergé. À l’église, après les cérémonies religieuses exécutées avec toutes leurs pompes, le citoyen Pierre André, juge au tribunal de cassation, prononça une allocution où il exprima les vifs sentimens de regret qu’inspirait aux Haïtiens la mort de Civique de Gastines, leur ami, en invoquant les noms des autres philanthropes français et anglais et leur disant : « Voyez nos sincères regrets à la perte » de l’un de vos plus dignes émules[1]!

  1. La relation des obsèquies de Civique de Gastines fut publiée dans le Télégraphe du 6 juin et reproduite dans la Concorde du 7 juillet ; le numéro du 14 publia tout entière la pétition du noble défunt adressée à la chambre des députés de France. Son corps fut inhumé dans le cimetière extérieur de la ville. À la page 313 de son Voyage dans le Nord, publié en 1824, Hérard Dumesle a consacré des lignes en l’honneur du philanthrope dout les cendres reposent en paix en Haïti, de même que celles du célèbre docteur Moutègre, qui y vint, en 1819, pour étudier les causes de la fièvre jaune, et qui en mourut lui-même peu après son arrivée au Port-au-Prince.