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dans la solution de cette question. Civique de Gastines fit également publier cette pétition. Il y faisait savoir que, « mis à l’index de la police, par la faction coloniale, pour sa lettre au roi, il expiait chaque jour par de nouvelles persécutions, le désir d’avoir voulu servir la France et l’humanité. » Mais ce fut bien autre chose après qu’il eut publié sa pétition où il désapprouvait les missions de D. Lavaysse et F. de Médina, de Fontanges et Esmangart, de l’évêque de Glory et autres ambassades occultes, disait-il. Il y disait en outre : « Que le ministère emploie tous ses efforts pour augmenter le nombre des citoyens ; mais qu’il renonce à la manie, pitoyable dans le xixe siècle, de créer des chevaliers, des comtes, des vicomtes, des ducs et des marquis !… Qu’il reconnaisse, enfin, que la vraie gloire, seule noblesse, consiste à labourer un champ, à mourir pour la défense de sa patrie ou à l’enrichir du produit de son industrie, mais non à vivre dans une condamnable oisiveté, n’ayant d’autres titres pour participer à la gloire nationale et à l’estime de leurs concitoyens, que des cordons, des rubans et des parchemins indignes du vrai mérite, puisqu’ils sont, le plus souvent, le prix de l’intrigue et l’ornement de la médiocrité. »

De telles idées, indépendamment de celles exprimées dans la pétition sur les droits de l’homme et la souveraineté des peuples, ne pouvaient être accueillies ni par la chambre des députés où dominait une majorité d’ultra-royalistes affiliés à la Congrégation des Jésuites, ni par le ministère présidé par M. de Villèle. Aussi, Civique de Gastines, persécuté dans sa patrie dont il plaidait les intérêts, choisit-il Haïti comme le pays où il devait se réfugier de préférence à tout autre. Doué d’une âme ardente autant que d’un cœur généreux, il y arriva, malheureusement, dans la saison la