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rables il fut amené à exercer sur la Chambre des communes une pression, une intimidation qui garantit pendant de longues années la tranquillité publique, la marche paisible de l’administration ; mais qui, devenant un moyen, une règle pour son gouvernement, ne pouvait manquer de l’aveugler lui-même sur le résultat définitif de cet abus de sa puissance. Car, si l’opinion publique se rangea de son côté, par rapport à l’audacieuse entreprise de F. Darfour, à l’imprudence commise par la Chambre, à la modération relative dont il fit preuve envers les représentans et les autres citoyens suspectés et arrêtés, cette opinion ne pouvait toujours approuver que des représentans fussent exclus de la Chambre, contrairement au texte précis de la constitution de 1816 et parce qu’ils auraient manifesté un esprit ou des idées d’opposition au pouvoir exécutif. On dit, avec raison, « que l’opinion est la reine du monde, » et que « les gouvernemens périssent par l’excès de leurs principes, » deux vérités dont Boyer sembla ne pas se pénétrer, pour éviter à son pays la funeste révolution qui le renversa du pouvoir.


Dans le cours de la session, il fut rendu plusieurs lois, après que la Chambre eût déchargé le secrétaire d’État de toute responsabilité par rapport aux comptes généraux de l’année 1821, en ces termes : « La Chambre… donne au secrétaire d’État des éloges mérités sur l’administration générale des finances, et s’entretient des ressources de l’État, qui ne peuvent que s’accroître sous le gouvernement du chef sage et éclairé qui tient le timon des affaires publiques…[1] » Une loi abrogea celle de 1818 qui avait

  1. L’année 1821 avait donné 3,570,691 gourdes de recettes, et occasionné 3,461,003, gourdes de dépenses. On exporta du pays 20,925,000 livres de café, 820,000 livres de coton