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ment avait comblé de bienfaits ; un homme qui avait déjà cherché à troubler l’Etat par des écrits incendiaires, Darfour, ce factieux, ourdissait dans les ténèbres, les moyens de porter la désolation dans la République. Vendredi, 30 de ce mois, cet homme perfide et plein d’audace, présenta à la Chambre des représentans une pétition qui tendait à pervertir l’esprit public et à renver ser l’édifice national. Après la lecture de cet écrit infernal, la Chambre ayant trop longtemps gardé le silence sur la dénonciation de son coupable auteur, le peuple indigné de cette conduite tiède, d’un mouvement spontané, se réunit et arrêta ce factieux. Dans cette sainte insurrection, quatre députés (membres) de la Chambre des représentans, signalés depuis quelque temps par l’opinion publique, comme cherchant à troubler le repos du peuple par leurs manœuvres liberticides, furent également arrêtés avec deux membres du corps judiciaire… Le Sénat, dans la journée du 30 de ce mois, a admiré en vous l’attitude d’un peuple fier qui connaît ses droits, dans l’anéantissement de ses tyrans… »

Le Président d’Haïti ne pouvait garder le silence dans de telles conjonctures et après ces actes du Sénat et de la Chambre des communes : le 9 septembre, il publia une longue proclamation adressée « au peuple et à l’armée. » Cet acte résuma d’abord les antécédens révolutionnaires du pays d’où résultèrent son indépendance et la fixité de ses institutions, en dépit de toutes les tentatives faites pour enrayer sa marche vers la prospérité :

« Qui eût pensé, continue-t-il, qu’après le dénoùment tragique de toutes ces conspirations, un autre agitateur aurait osé encore élever la voix pour abuser les citoyens et pour lancer parmi eux les brandons de la discorde ? Mais