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tin, qui demanda la suspension, la cessation de la lecture de la pétition, et que Laborde opina au contraire pour la continuation, mais en ajoutant « que la République était assez fortement constituée, pour n’avoir pas à craindre les tentatives d’aucun individu dans le but de renverser son gouvernement. » Si ces traditions orales sont exactes, on doit d’autant plus regretter que la Chambre se soit désemparée sans prendre la résolution que son devoir lui indiquait.

Mais, parmi les nombreux citoyens qui assistaient aussi à cette séance, se trouvait le capitaine Calix Bonneaux, aide de camp du Président d’Haïti. Il accourut aussitôt au palais et raconta au Président les faits qui venaient de se passer en sa présence. On en sait assez déjà du caractère de Boyer, pour juger de l’impression que le rapport de son aide de camp dut produire sur son esprit à ses yeux, la Chambre des communes, ou du moins quelques-uns de ses membres conspiraient avec F. Darfour contre son pouvoir, son autorité, contre le gouvernement national tout entier, pourjeter le pays dans une affreuse anarchie ; la pétition, jugée séditieuse par la Chambre elle-même, ne tendait à rien de moins ; le pétitionnaire, enfin, provoquait la guerre civile entre les citoyens, et ses complices se rendaient dupes de ses perverses intentions.

Et une telle pétition était produite, accueillie dans la cambre des communes, quelques jours seulement après les menées ténébreuses de Paul Romain !…

Telle fut, telle ne pouvait manquer d’être la pensée de Boyer, en apprenant l’audacieuse entreprise d’un homme, étranger au pays, qu’il avait accueilli à son arrivée et comblé de ses faveurs, jusqu’à lui permettre de publier un journal, sans frais aucun, en se servant presses de l’im-