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ser, faire prospérer l’agriculture, le commerce national, etc. ; et l’on a vu, quant à ces deux industries, ce qui était dans les idées de la Chambre des communes par le passage cité du discours de son président : elle semblait réclamer du Président d’Haïti des projets de lois à ce sujet.

Mais, est-il présumable que, dans les entretiens, les conversations dont il s’agit, soit chez l’amiral Panayoty, soit ailleurs, on se bornât à l’expression de simples vœux, sans critiquer en même temps certaines mesures du gouvernement dans l’administration du pays, sans blâmer son abstention dans certaines autres que l’on jugeait utiles à sa prospérité[1] ? Pour croire ainsi, il faudrait n’avoir aucune expérience des procédés de l’esprit humain ; et ce qui n’était d’abord que vœux, que désirs, devenait projets à réaliser. Par quel moyen y parviendrait-on ! La Chambre n’était-elle pas, constitutionnellement, la représentation nationale, formée des représentans du peuple ? N’avait-elle pas des pouvoirs égaux à ceux du Sénat, au moins égaux à ceux du Président d’Haïti qui n’était qu’un magistrat chargé d’exécuter les lois ? Si le pacte social lui accordait l’initiative des propositions pour en faire, rien n’empêchait que la Chambre des communes n’en provoquât de lui, puisque, d’après l’art. 58 de cet acte, c’était elle « qui statuait sur l’administration ; — qui formait et entretenait l’armée ; — qui faisait des lois et règlemens sur la manière de l’organiser et de la gouverner (l’armée) ; — qui fixait la valeur, le poids et le type des monnaies ; — qui établissait l’étalon des poids et mesures ; — qui consacrait définitivement et pour toujours l’aliénation des domaines nationaux ; — qui faisait toutes les lois nécessaires pour

  1. Voyez ce qui a été déjà dit sur ce sujet, à la page 422 du 8e volume.