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crétaire rédacteur du Sénat, dont la conversation spirituelle et anecdotique ne contribuait pas moins à ces réunions ; et, malheureusement peut-être, depuis longtemps, J.-B. Béranger occupait l’une des chambres de sa maison. Ce dernier y recevait particulièrement F. Darfour, qui avait fait sa connaissance dès son arrivée de France, en 1818. L’un et l’autre prenaient part aux conversations générales de cette société habituelle ; et dans notre précédent volume comme dans celui-ci, nous avons déjà fait connaître les idées, les sentimens et le caractère de Béranger, et divers faits de F. Darfour qui prouvaient ses prétentions, sa présomption et ses incartades envers des citoyens dignes de son respect, et sa malveillance envers le Président qui avait cependant beaucoup fait pour lui[1]. De plus, à l’occasion de la session législative, les représentans Saint-Martin, du Cap-Haïtien, dont on a lu le discours sur le commerce, dans la session de 1821, au chapitre II de ce livre, et Saint-Laurent, des Cayes, vinrent loger aussi chez l’amiral Panayoty[2]. À cette époque, on disait que les citoyens Dugué, notaire du gouvernement, Noël Piron, doyen du tribunal civil, et bien d’autres se joignaient à ceux-là, journellement, pour parler des affaires publiques.

Il était tout naturel qu’elles occupassent l’esprit des citoyens éclairés en général, après les glorieux événemens qui réunirent tout le territoire d’Haïti sous la même constitution, et que chacun imaginât des plans pour la meilleure administration du pays, des réformes à y faire pour progres-

  1. Voyez au tome 8 de cet ouvrage, pages 379, 381, 390 et 422.
  2. Saint-Laurent était un ancien ami de Panayoty, et Saint-Martin avait servi sous ses ordres, en qualité de commissaire général de notre flotte. Capturé, en 1811, sur un de nos bàtimens par ceux de Christophe, Saint-Martin eut l’insigne bonheur d’échapper à la mort, étant le fîls d’une dame que Christophe estimait. C’est ce que nous avons appris par tradition orale.