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envieux, qui ne sont jamais satisfaits de tout ce qu’on fait pour eux, et dont les goûts ne peuvent être flattés que par les innovations qu’ils proposent…[1] »

Un paragraphe de cette proclamation s’adressait ensuite aux magistrats, et un autre à l’armée, pour réveiller et exciter leur zèle dans ces circonstances. Quant à J.-P. Lamotte, jugé comme complice de Romain, il fut condamné à mort et exécuté après l’événement survenu à Léogane.

Il est facile de reconnaître que certains passages de la proclamation de Boyer faisaient allusion à des représentans et à d’autres personnes auxquelles il attribuait des projets subversifs de l’ordre public, surtout si on les rapproche de quelques paroles prononcées dans son discours à l’ouverture de la session. Il faut dire aussi qu’on tenait à la capitale bien des propos malveillans qui, rapportés au Président, lui faisaient croire à un esprit séditieux, factieux, qui voulait s’introduire dans la Chambre des représentans, non-seulement pour s’opposer à son pouvoir, mais pour le renverser : de là cette aigreur qui perce dans ses paroles.

Le contre-amiral Panayoty, sénateur, avait un vaste logement où, de tout temps, il se plaisait à recevoir ses amis et des voyageurs qui, venant à la capitale, n’y trouvaient point d’hôtels garnis pour se loger : cet usage est d’ailleurs dans les mœurs du pays. D’un caractère bienveillant et enjoué, Panayoty suppléait d’ailleurs au manque d’une famille, par la société des hommes qui le visitaient souvent et qui se sentaient attirés chez lui par son affabilité, et là ils se rencontraient pour causer en toute liberté.

Or, il avait pour compagnon, chez lui, Ph. Liétout, se-

  1. Cette phrase avait un rapport évident avec le discours prononcé à l’ouvrture de la session législative par Boyer lui-même.