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Gédéon et Lamothe-Aigron et de l’interrogatoire subi par le messager emprisonné.

Boyer ne fut pas moins indigné que le brave commandant de l’arrondissement du Cap-Haïtien, de la persévérance de Romain dans ses projets criminels ; il renvoya l’aide de camp avec invitation d’expédier J.-P. Lamotte au Port-au-Prince par un garde-côtes qui en partit aussitôt pour le Cap-Haïtien. Peu de jours après, le prisonnier y était rendu et déposé à la maison d’arrêt où il subit un nouvel interrogatoire ; il accusa alors les généraux Magny et Nord Alexis. Le Président estimait trop ces divers généraux, pour ajouter foi à ces calomnies inventées par Romain et colportées par son obscur agent. Lamothe-Aigron était à Jacmel dont il commandait l’arrondissement une dépêche présidentielle l’en avisa, parce qu’il était malade et ne pouvait se rendre à la capitale. Mais Gédéon fut mandé de Léogane : son irritation fut à son comble, lorsqu’il reconnut et la perfidie et l’ingratitude du traître qu’il accablait de ses bontés. Le Président lui dit de retournera son commandement, de surveiller Romain, et qu’à l’arrivée de son messager, il lui enverrait l’ordre de l’expédier sous escorte pour être confronté avec ce dernier et jugés tous deux par la même commission militaire. Effectivement, le chef d’escadron Souffrant, aide de camp du Président, fut envoyé à Léogane dans ce but. Mais, arrêté par une garde sous les ordres du colonel Loret, commandant de la place de Léogane, afin d’être acheminé au Port-au.Prince, Romain (fut-il dit alors) aura fait résistance, en essayant de se saisir du fusil d’un soldat, puis en prenant la fuite en ce moment, la garde fit feu et une balle l’atteignit mortellement[1].

  1. Suivant le Télégraphe du 18 août 1822.