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relevaient de son initiative. Or, quoique ce fut une nouvelle législature, les représentans de l’année précédente, qui avaient accueilli ces propositions, en faisaient encore partie, et à eux se joignaient de nouveaux membres peut-être plus résolus à espérer que Boyer présenterait ces projets de loi, et à les demander s’il ne les envoyait pas. Ainsi, dès l’ouverture de la cession législative, les deux pouvoirs se montraient dans une sorte de méfiance mutuelle. Et si l’on réffléchit aux effets produits sur l’esprit de la population du Port-au-Prince, par le dédain que Boyer manifesta pour son arc de triomphe et les honneurs qu’elle se préparait à lui décerner à cette occasion, dédain qui semblait prouver les paroles qui lui furent attribuées lorsqu’il apprit l’élection de Laborde et de Béranger, on reconnaîtra que la situation était déjà très-tendue. Elle allait le devenir bien autrement encore !

Plusieurs protestations avaient été adressées à la Chambre, les unes directement par les concurrens des représentans élus dans diverses communes, les autres par le Président d’Haïti d’après des rapports faits par le ministète public, conformément à l’article 65 de la constitution. Parmi ces dernières, se trouvait celle qui était relative à l’élection de Saint-Laurent (Roume de) et de Hérard Dumesle, nommés représentans des Caves. Mais, hors les opérations faites à Saint-Marc, qui furent annulées, la Chambre passa à l’ordre du jour sur toutes les autres protestations. Elle eut plusieurs séances qui furent consacrées à la discussion de son règlement intérieur jusqu’à celle du 19 août, où elle arrêta d’adresser un message au Président d’Haïti, afin de lui dire qu’elle ne pourrait s’occuper du travail relatif au vote des impóts publics, que lorsqu’il lui ferait parvenir les comptes des recettes et des dépenses de la République que