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l’empire des lois de la République… Une nouvelle ère, pour ainsi dire, vient donc de commencer pour les Haïtiens. Nulle partie de notre sol n’est plus maintenant sous la domination d’aucun pouvoir étranger. Mais, si ce grand résultat ajoute un nouvel éclat à la gloire de la nation, combien ne devons-nous pas, par la loyauté de nos actions, continuer à prouver au monde civilisé, qu’Haïti est digne des bienfaits que la Providence a répandus sur elle ! Combien les citoyens appelés à l’honneur de siéger o à la représentation nationale ne doivent-ils pas, se pénétrant de l’importance de leurs obligations, se prémunir dans leurs combinaisons politiques, contre les dangereuses erreurs de l’esprit de secte, pour ne consacrer entièrement leurs travaux qu’à l’unique et puissant intérêt de la patrie[1] ! Notre situation toute particulière, le machiavélisme des ennemis de la liberté et de notre indépendance, tout nous prescrit de nous méfier de la turbulence des passions, de mettre à profit les utiles leçons de l’expérience, afin de fortifier de plus en plus la fraternité et l’union que réclament l’affermissement de nos institutions et la consolidation du bonheur commun. Il n’y a aucun doute, citoyens représentans, que votre patriotisme ne soit en harmonie avec les mesures législatives que le bien public requerra : aussi sera-ce avec confiance que j’appellerai votre attention sur celles qui seront soumises à la sagesse de vos délibérations… »

Pour bien saisir le sens de ces paroles du chef de l’Ëtat, il faut qu’on sache que dès le 29 juillet, quarante-huit représentans sur soixante-douze avaient siégé à la Chambre,

  1. Cette phrase et le précédent semblent avoir fait allusion aux discours prononcées dans la session de 1821, pour retirer aux étrangers le commerce de consignation.