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sous les mêmes lois ; que ces lois accordaient des propriétés en concessions gratuites aux fonctionnaires publics, aux officiers militaires et à tous les citoyens qui auraient commencé des travaux de culture sur les terres du domaine de l’Etat, et qu’ils n’avaient qu’à en demander les titres au gouvernement. « Je vous donnerai, leur dit-il, au nom de la nation, pour vous et votre postérité, en toute propriété et pour toujours, la concession des terres mises en valeur… Haïtiens, la religion qui nous unit tous, vous apprend que c’est outrager le Créateur que de vivre dans l’indolence et la paresse. Vos oppresseurs vous ont entretenus dans ces vices pour mieux vous subjuguer. Ils vous ont ensuite calomniés, en cherchant à faire croire que la vie oisive était dans votre naturel. Vos frères et vos libérateurs vous rendent justice ; ils ont la conviction que si vous n’avez pas mieux fait, c’est parce que votre énergie était étouffée et que vous étiez tenus dans la stupeur… Que partout les chétives cabanes soient remplacées par des lieux propres à la conservation de la santé et à l’augmentation de la population ; que les produits de l’agriculture mettent enfin les pères de famille à même de donner à leurs enfans l’éducation convenablé, pour jouir et conserver tous les précieux dons de la liberté et de l’indépendance. Haïtiens, mes concitoyens, le sort a voulu que je me trouvasse dans la position d’être considéré ici-bas comme votre père ; écoutez-moi comme tel ; soyez confians, et vous serez heureux. Ma sollicitude est de vous faire changer d’état ; empressez-vous à vous mettre dans la civilisation, à l’unisson de vos frères de l’occident de l’ile, et comme eux, vous serez bientôt fiers et invincibles. »

Ce langage de père de famille honorait les nouveaux ci-