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nales cette autre devise : Gage d’amour des habitans du Cap-Haïtien. » Toute la population avait suivi les autorités civiles et militaires à cet arc de triomphe où Boyer mit pied à terre et fut complimenté, en leur nom, par une jeune personne dont les paroles exprimaient la candeur de son âme. Il se rendit ensuite au palais national, au milieu des troupes de la garnison placées sur deux haies, au bruit des tambours, des fanfares de la cavalerie, de toute l’artillerie de la place et des cloches de l’église de la paroisse[1].

Un tel accueil ne pouvait que réjouir le cœur de Boyer. Il avait fait venir sa famille au Cap-Haïtien, et il y résida environ un mois, au milieu de fêtes qui se renouvelaient chaque jour. Elles n’empêchèrent pas que le Président donnât activement des soins aux affaires publiques ; et après avoir visité les arrondissemens du Borgne, du Port-dePaix, des Gonaïves et de Saint-Marc ; il revint au Port-au-Prince le 6 mai.

Les citoyens de la capitale, désirant lui faire une réception pompeuse pour consacrer leur joie, comme ceux du Cap-Haïtien, de la réunion des départemens de l’Est, et le féliciter de cet important succès de son gouvernement, avaient érigé aussi un bel arc de triomphe, décoré avec goût, à l’entrée nord de la place[2]. Les autorités devaient s’y porter à l’arrivée du chef de l’État, avec l’élite de la population, et cette cérémonie toute civique aurait été suivie de réjouissances publiques. Mais, non-seulement on ne put être fixé sur le jour précis où Boyer ferait son entrée au Port-au-Prince, il y arriva de onze heures à minuit, alors

  1. Ces détails sont pris du nº 13 de la Concorde, du 31 mars 1822.
  2. Cet arc de triomphe fut érigé sur les dessins et par les soins de J. Ardouin aîné, qui possédait des connaissances en architecture civile.