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tans eurent pour suppléans les citoyens J. Ardouin aîné, J. Élie et Dumas. Suivant ce qui fut rapporté à cette époque, le Président aurait fort mal accueilli l’élection de Laborde et de Béranger surtout, et il aurait manifesté pour les citoyens de la capitale, à cause de leurs votes en faveur de ces élus, des sentimens qui ne pouvaient que blesser leur honneur[1].

Ceux qu’il éprouva pour les habitans du Cap-Haïtien furent bien difierens. Arrivé aux limites de cet arrondissement et de celui du Fort-Liberté, il y trouva le général Magny qui l’attendait près d’un arc de triomphe rustique, élevé par les nombreux concessionnaires de la plaine du Quartier-Morin qui entouraient ce digne fonctionnaire. Complimenté par lui pour la réunion de l’Est qui venait de compléter l’unité politique d’Haïti, le Président reçut ces hommages d’un cœur franc et loyal en donnant l’accolade patriotique à Magny. Pour entrer au Cap-Haïtien, il pouvait choisir entre les deux routes qui y conduisent ; décidés à lui rendre les plus grands honneurs, les citoyens de cette ville avaient érigé un arc de triomphe à chacune des deux entrées ; ce fut par celui dressé à la Fossette que Boyer passa. C’était « un arc à plein cintre, de 24 pieds de hauteur sur 18 de largeur, richement décoré, portant dans la face d’entrée les attributs allégoriques de la Liberté, avec cette devise : Reconnaissance nationale, à J.-P. Boyer, Président d’Haïti. La face intérieure avait les attributs du commerce, offrant dans un ruban aux couleurs natio-

  1. On a dit alors que Boyer s’exprima ainsi : « Je ne connais qu’un honnête homme au Port-au-Prince : c’est M. Rouanes. » Ce dernier était le jeune frère de l’ancien secrétaire d’Etat de Christophe ; il avait habité Philadelphie pendant longtemps et il vint dans la République en 1818, après la mort de Pétion. Nommé notaire public d’abord, il devint ensuite notaire du gouvernement, sénateur, etc.