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Douault, monté sur un canot de la Duchesse-de-Berry où étaient aussi un certain nombre d’hommes armés, ayant voulu débarquer sur un point de la presqu’île, essuya le feu d’un poste haïtien auquel il ne fit pas rispoter, afin de ne pas engager une lutte intempestive ; et le 16, tous les navires de guerre et marchands français sortirent de la baie de Samana, sous les ordres du commandant Epron qui montait sur la frégate l’Africaine.

Telle fut ce que l’on a appelé « l’équipée de Samana : » entreprise qui eût pu occasionner la guerre entre la France et Haïti, si Boyer n’avait pas agi avec modération, si les officiers français n’avaient pas mis à temps assez de prudence pour éviter une rixe avec les Haïtiens.

Le 10 février, le Président d’Haïti avait adressé au Sénat un message où il l’informait de son entrée à Santo-Domingo, qui consommait la réunion des départemens de l’Est aux autres départemens de la République, en lui envoyant copie du procès-verbal de prise de possession dressé la veille. Il disait à ce corps politique de l’État, qu’il ne tarderait pas à quitter cette ville pour visiter les communes du Nord-Est. Le 5 mars, au moment où il allait partir, il adressa un autre message au Sénat, qui relata d’une manière circonstanciée la tentative des Français sur Samana, en annonçant leur départ de la baie. Mais il était alors mal informé lui-même, puisque les navires de guerre n’en sortirent que quelques jours après. Il écrivit en même temps aux conimandans d’arrondissement de lever l’embargo sur les navires marchands français, de laisser toute liberté aux Français, comme antérieurement.

Quand on eut connaissance de cette mesure, en France, l’émotion publique la fit juger diversement, les journaux en retentirent ; mais le ministère français l’apprécia avec