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treuses de 1804, comme si le droit des gens ne devait pas protéger les Français et leurs propriétés de commerce, même malgré les torts de l’amiral Jacob[1].

À l’arrivée du général Quayer Larivière, Diégo de Lira et quelques habitans s’enfuirent de Savana-la-Mar et se réfugièrent abord des navires français ; et déjà, le général Dupuy avait pris possession de Seybo avec des troupes. Personne ne convenait mieux que Dupuy pour assurer l’autorité du gouvernement dans ces localités éloignées de Santo-Domingo : son habileté politique et ses mœurs douces et affables gagnèrent pour toujours à la République, les anciens vainqueurs de Palo-Hincado dont les habitudes, quelque peu sauvages, se ressentaient de leur vie de pâtres[2].

Dès le 20 février, le Président avait écrit une lettre au général Toussaint, en lui annonçant l’envoi de la cargaison de comestibles qu’il fit acheter pour approvisionner les troupes sous ses ordres et provenant de la goëlette anglaise l’Hester, capitaine Bull. On avait obtenu de ce dernier de se rendre à Samana, en lui payant un fret en sus, et il fut porteur de la lettre de Boyer qui annonçait à ce général que, sur tous les points de l’Est, son autorité était reconnue. Le Président était assuré que le pavillon britannique et les marchandises seraient respectés par l’amiral Jacob. En effet, celui-ci se borna à intercepter la dépêche de Boyer ; reconnaissant qu’il n’y avait plus rien à

  1. J’ai été à même d’entendre J.-B. Béranger dans ces circonstances, et il n’était pas le seul ! Mais il faut dire qu’on croyait les Français en possession de Samana, ou venus pour enlever les anciens esclaves de cette presqu’île.
  2. Le général Dupuy ne tarda pas à fonder à Seybo une loge maçonnique et à y initier les principaux habitans ; les principes libéraux professés par les francs-maçons tirent évanouir toute idée d’opposition contre la République, dont la maçonnerie offre une image parfaite.