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énergique, fit liisser le pavillon haïtien au mât du fort en remplacement de celui de la Colombie. Le commandant Manuel Machado, qui jusque-là avait été irrésolu, subissant le vœu des indigènes, se mit à leur tête[1]. L’officier de la barge, ne pouvant résister, abandonna la partie et se retira à bord de la Duchesse-de-Berry, dont le commandant l’approuva. Sa prudence lui censeillait une conduite expectante jusqu’à l’arrivée des instructions de son amiral et du comte Donzelot.

Dans ces entrefaites, la réponse de M. Douault à la lettre de Nunez de Cacérès, du 30 janvier, étant parvenue à Boyer, le Président lui avait adressé une autre lettre, le 10 février, qui l’invitait à se retirer de la baie de Samana ; et ce fut ce jour même qu’il expédia le général Toussaint pour aller prendre le commandement de la presqu’ile. Cet officier mit toute la diligence possible à se rendre à ce poste. Il n’avait que de faibles embarcations pour transporter ses troupes de Savana-la-Mar au bourg de Samana. Le commandant Douault ne gêna point son passage à travers la baie, et dès son arrivée au bourg, le général Toussaint lui écrivit une lettre polie, mais ferme, par laquelle il le sommait, au nom du Président d’Haïti, de quitter la baie.

M. Douault ne pouvait guère faire autrement. Il ne voyait pas revenir les colons envoyés à la Martinique ; il dut penser que leur démarche n’avait pas été accueillie, et les faits étaient accomplis à Samana. Le 19 février, il fit sortir de la baie la Duchesse-de-Berry et le Silène ; mais à l’entrée de cette baie, il rencontra la flottille sous les ordres de l’amiral Jacob, à qui il fit son rapport des événemens survenus de-

  1. Le 10 février, il publia une proclamation à la population de Samana, qu’on lit parmi les documens imprimés en 1830.