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réunir la partie de l’Est à la République, parce qu’ils étaient assurés que tel était le vœu de la grande majorité de la population. Boyer l’avait accueilli avec une bienveillance distinguée, de même que la proposition dont il était porteur ; mais, tout en lui disant que tel était aussi le vœu de la constitution de la République et de tous les actes antérieurs depuis la déclaration d’indépendance, il lui fit savoir qu’il n’entreprendrait rien dans ce but, avant qu’une manifestation assez générale n’eût lieu dans l’Est pour donner la preuve que sa réunion à la République pourrait s’effectuer sans effusion de sang, comme celle du Nord et de l’Artibonite venait de s’accomplir. Il congédia Sylva, en le chargeant de paroles affectueuses pour ses constituans qu’il invitait à préparer les esprits à ce mouvement.

De retour à Santo-Domingo, Sylva lui adressa une lettre en date du 8 janvier 1821, pour lui dire avec quelle satisfaction ses paroles avaient été écoutées de ses amis, en apprenant l’accueil qui lui avait été fait à lui-même ; qu’ils allaient s’occuper du projet qu’ils avaient en vue ; que bientôt il se rendrait au Port-au-Prince, porteur d’une dépêche qu’ils se proposaient d’adresser au Président. Enfin, Sylva termina sa lettre en lui donnant connaissance que d’après des avis reçus à Santo-Domingo, des bâtimens de guerre français arrivaient déjà à la Guadeloupe et à la Martinique[1].

On voit que l’éventualité de l’occupation de l’Est excitait de l’inquiétude dans les esprits, bien que dans la situation

  1. En ce moment même, le brig de guerre français le Sylène, commanda par M. de Cuvillier, était mouillé dans la baie de Samana. La frégate la Duchesse d’Angoulème ne tarda pas à l’y remplacer. Cette presqu’ile était habitée par d’anciens colons de Saint-Domingue.