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haïtien ont donc fait leur devoir ; ils ont connu leurs vrais intérêts et ils doivent être à l’abri de toute insulte.

Citoyen, vous avez trop de pénétration pour avoir confondu le premier enthousiasme du peuple, en voyant disparaître le pavillon de l’Espagne, avec les sentimens manifestés de sa volonté qui est, aujourd’hui, de vivre sous les mêmes lois que le reste des Haïtiens.

Il ne faut pas se faire illusion : deux États séparés ne peuvent exister ni se maintenir indépendans l’un de l’autre dans l’ile qui nous a vus naître ; et quand même l’acte constitutionnel d’Haïti n’aurait pas décidé la question de son indivisibilité, la raison et la conservation de tous ses habitans l’auraient exigé impérieusement. Il suffit de s’intéresser de bonne foi à la prospérité de cette lie pour convenir de cette vérité, parce que, pour être effectivement indépendant, il est nécessaire de posséder dans son sein les moyens de défendre cette indépendance. La République, j’aime à le dire, a acquis, après beaucoup de tourmentes, tous ces moyens et peut trouver en elle-même les élémens nécessaires à la conservation de sa liberté et de son indépendance.

Comme mes devoirs sont tracés, je dois soutenir tous les citoyens de la République. Les habitans de Laxavon, Monte-Christ, Saint-Yague, Puerto Plate, Las Caobas, Las Matas, Saint-Jean, Neyba, Azua, la Vega, etc., etc., ont reçu mes ordres et y obéissent. Je vais faire une tournée dans toute la partie de l’Est avec des forces imposantes, non comme conquérant (à Dieu ne plaise que ce titre entre jamais dans ma pensée), mais comme pacificateur et conciliateur de tous les intérêts en harmonie avec les lois de l’État.

Je n’espère rencontrer partout que des frères, des amis, des fils à embrasser. Il n’y a point d’obstacle qui sera capable de me retenir : chacun peut être tranquille pour sa sécurité personnelle et celle de ses propriétés. Et quant à vous, citoyen, que je crois animé, comme vous me l’avez annoncé, du seul intérêt de la patrie, ouvrez votre cœur à la joie, à la confiance, parce que l’indépendance d’Haïti sera indestructible par la fusion de tous les cœurs en un seul et même tout. Vous vous assurerez des droits à mon estime, vous conserverez des titres précieux envers tous vos concitoyens, en arborant à Santo-Domingo, dès la réception de la présente dépêche, l’unique pavillon qui convient à l’existence des Haïtiens et