Sénateurs, vous connaissez les deux actes qui nous sont parvenus sur cette affaire ; il n’est pas besoin d’en rappeler ici le contenu.
Voilà la République placée dans une crise politique de la plus haute importance, et qui demande un concours aussi prompt qu’énergique de toutes les autorités auxquelles sont confiées les destinées d’Haïti.
Si la responsabilité de la tranquillité publique, du maintien de l’État dans son intégrité pèse sur moi, sénateurs, le dépôt sacré de la constitution est aussi sous votre responsabilité. Je viens donc proposer à vos sages délibérations les solutions écrites aux questions suivantes :
1o Pouvons-nous souffrir que, contre les dispositions de l’art. 40 de la constitution, un État séparé de la République se forme et se maintienne dans l’Est de notre territoire ?
2o Si les habitans de l’Est de notre territoire étaient, en tout ou en partie, sourds à la voix pacifique du gouvernement, quel parti faudrait-il prendre à leur égard ?
3o Pouvons-nous, dans aucun cas, souffrir que des principes constitutifs contraires à ceux qui nous régissent et que nous avons tous juré d’observer, soient établis sur la même terre que la nôtre ?
Voilà ce qu’il importe de décider avec la plus grande promptitude.
N’oublions pas que nous occupons une île dont toutes les côtes, étant accessibles, nécessitent que toute sa population soit une et indivisible et sous une même direction, pour fournir à son indépendance des garanties indispensables à son maintien.
Le cas est urgent, citoyens sénateurs ; vos délibérations doivent être promptes, et j’attendrai vos avis pour me décider sur ce que mon devoir m’impose de faire en cette circonstance extraordinaire.