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tans à y adhérer ce qui eut lieu. Successivement, ces derniers adressèrent aussi leur soumission à Boyér, et bientôt après les communes de Saint-Jean, de Las Matas, de Banica, de Hinche, de Neyba et d’Azua imitèrent l’exemple tracé par Saint-Vague.

Pendant que tout marchait dans l’Est vers la solution désirée, le Président d’Haïti, informé de cet état de choses et des actes proclamés à Santo-Domingo, par le rapport de Frémont et de Viau, adressait au Sénat le message suivant en date du 23 décembre :

Citoyens sénateurs,

L’art. 40 de l’acte constitutionnel a donné à la République, pour limites, toute l’étendue de l’île de l’Est à l’Ouest et du Nord au Sud ; et les îles qui en dépendent. Tant que nous avions à pacifier certaines parties du Sud, de l’Ouest et du Nord, il eut été imprudent de songer à donner à nos frères de l’Est la direction naturelle qu’ils doivent avoir, en les faisant rentrer sous les drapeaux de la patrie ; car il eût été raisonnable de penser que les hommes qui, dans une autre circonstance, leur avaient donné une direction opposée à leurs intérêts et aux nôtres[1], auraient encore cherché à faire naître en eux de l’opposition. Et plutôt que de faire gémir l’humanité en fournissant aux méchans et aux insensés l’occasion de répandre le sang humain, toutes les veilles, toute la sollicitude du gouvernement n’ont tendu qu’à opérer une révolution morale qui, en amenant nos frères de l’Est à partager les avantages de notre constitution, aurait fourni une garantie puissante aux Haïtiens général, contre ceux qui, tôt ou tard, pourraient vouloir lui disputer sa liberté et sen indépendance.

Cette révolution avait déjà commencé sa marche. Les bonnes dispositions des habitans des anciennes frontières, les communi-

  1. Lors de l’insurrection de l’Est contre les Français, en 1808 et 1809.