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cet heureux état de choses, que les deux chefs principaux qui les avaient guidés dans leur levée des boucliers inclinèrent eux-mêmes à s’allier, à s’incorporer, l’un à la République, l’autre à l’État d’Haïti, dont les Présidens leur avaient fourni des armes et des munitions pour leur entreprise. Si, en 1820, ces chefs n’existaient plus[1], du moins ils avaient légué leurs sentimens à leurs concitoyens, et les rapports commerciaux établis entre les deux territoires les entretenaient dans ces bonnes dispositions, surtout dans les localités les plus rapprochées de la République.

La guerre civile, qui avait été un obstacle à la réunion de toute l’île sous les mêmes lois, venant à cesser par le triomphe de la République sur l’État rival, uniquement par l’autorité morale de ses institutions et de son gouvernement, rien ne devait s’opposer désormais à ce résultat prévu et désiré dès la déclaration de l’indépendance haïtienne, afin d’y constituer une seule nationalité.

Mais, indépendamment de ces considérations, d’autres causes contribuaient dans l’Est d’Haïti à préparer cette réunion.

Avant le commencement de l’année 1820, le bruit circulait dans cette partie, et principalement à Santo-Domingo, que par une convention entre les gouvernemens de France et d’Espagne, le premier devait y envoyer une armée dont la destination serait de faire la conquête de la partie occidentale. Cette nouvelle pouvait être sans fondement ; mais la marche rétrograde que Ferdinand VII suivait en Espagne depuis sa restauration, l’alliance qui existait entre

  1. Jan Sanches et Cyriaco Ramirez, morts à Santo-Domingo.