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tres publications faites sur la Gazette royale d’Haïti.


En attendant l’arrivée de D. Lavaysse au Port-au-Prince, Pétion considéra qu’à raison de la situation des choses, et de la démarche que faisait la France, et de celle qu’il faisait lui-même par la mission de Garbage à Londres, il ne fallait pas se borner à compter sur les seuls sentimens philanthropiques du gouvernement britannique pour obtenir sa médiation ; et il prit la résolution d’intéresser le peuple anglais au maintien de l’indépendance d’Haïti. Il savait que pour la Grande-Bretagne, le plus grand objet est de trouver un débouché avantageux des produits de ses manufactures. Son commerce avec Haïti était déjà considérable ; elle seule lui fournissait alors les marchandises fabriquées, tandis que les États-Unis y envoyaient leurs comestibles.

Par un arrêté du 15 octobre : — « Considérant que le commerce de la Grande-Bretagne a été très-avantageux à la République, et même l’a aidée dans les circonstances les plus critiques où elle s’est trouvée ; et désirant l’encourager de plus en plus… » le président réduisit le droit d’importation, — qui était de 10 pour cent, — à 5 pour cent sur les marchandises manufacturées dans les pays sous la domination de S. M. Britannique[1].

Cet acte était également conçu, sans nul doute, dans la prévision d’un arrangement possible, sinon probable, avec la France qui ne manquerait pas de demander des avantages commerciaux pour ses produits, indépendamment de l’indemnité que le président était disposé à ac-

  1. Dans ses Mémoires de 1843, B. Inginac prétend que ce fut d’après ses conseils que Pétion rendit cet arrêté. Nous ne pouvons prouver le contraire, et il en était capable.