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La guerre civile allumée le 1er janvier 1807, par l’ambition orgueilleuse et dominatrice de ce chef, avait divisé l’ancienne partie française en deux États, distincts par les principes et les institutions qui les régissaient.

D’un côté, l’État d’Haïti comprenant les départemens du Nord et de l’Artibonite, gouverné par Christophe sous un régime devenu plus arbitraire, depuis qu’en 1811 il en avait fait le Royaume d’Haïti, en établissant l’hérédité de son trône au profit de sa descendance masculine, en créant une noblesse également héréditaire dans la famille de ceux de ses sujets qui en reçurent des titres. De telles institutions ne pouvaient que fonder les privilèges qui y sont inhérens.

De l’autre, la République d’Haïti comprenant les départemens de l’Ouest et du Sud, gouvernée par Pétion sous le régime démocratique et constitutionnel qui garantit la liberté des citoyens, l’égalité la plus parfaite entre eux, et avec ces deux droits civils et politiques, la jouissance de tous autres dans l’état social, surtout celui de propriété.

Le régime tyrannique de Christophe ayant triomphé de tous les obstacles qu’il rencontra pour le fonder, son Royaume offrait déjà une apparence de force et de vitalité qui semblait devoir lui assurer une longue durée. Néanmoins, l’échec qu’il venait de subir faisait présumer qu’il n’oserait plus faire aucune tentative contre la République.

Dans celle-ci, le régime de douceur et de persuasion établi par Pétion avait triomphé aussi des agitations politiques que suscitèrent ses concurrens. Mais en ce moment, le département du Sud recélait encore dans son sein la révolte de Goman, laquelle, réduite à de