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le dernier, enfin, auprès de Christophe. Ils partirent de Falmouth le 16 juillet[1].

Ils étaient tous trois porteurs de lettres de créance et d’instructions semblables qui pouvaient les faire considérer, sinon comme de vrais espions, du moins comme des embaucheurs chargés d’intriguer, de semer la discorde entre les Haïtiens, afin d’assurer le succès d’une expédition militaire qu’on allait préparer dans les ports de France, pour être dirigée contre Haïti, de même qu’en 1802. Ce procédé était bien digne du ministre Malouet qui, à cette époque, avait tant contribué à persuader le Premier Consul de faire cette entreprise. Il justifiait par là ce qu’a dit ensuite l’Empereur Napoléon de tous les hommes qui, en France, étaient encroûtés des idées de l’ancien régime : « Ils n’ont rien appris, ni rien oublié. »

Le packet anglais sur lequel passèrent les agens de la France, toucha à Curaçao. Le général Hodgson, gouverneur de cette île, sut immédiatement le but de leur mission ; il en fut de même de M. Lyon, qui était une espèce d’agent commercial de Pétion à Curaçao. En causant avec D. Lavaysse, ils lui conseillèrent de ne pas se présenter à Haïti en qualité de marchand, selon ses instruc-

  1. D. Lavaysse avait été membre de la Convention nationale ; ensuite, il voyagea dans l’Amérique méridionale. De retour en France, il publia un livre où il émit des opinions libérales à propos de l’esclavage. À la chute de l’Empire, il servait dans l’armée du Vice-Rot d’Italie.

    Dravermann, négociant à Bordeaux, épousa une fille (blanche) de Bernard Borgella, père du général Borgella : il venait donc se présenter en qualité de beau-frère de ce dernier. On verra que des trois agens, il fut celui qui tira mieux son épingle du jeu, non comme agent, mais comme négociant. C’était un vieillard de 70 ans.

    Agoustino Franco de Médina était cet Espagnol qui avait commandé Saint-Yague sous les ordres du général Ferrand, et qui suivit les Français à l’évacuation de Santo-Domingo, en 1809.