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Toutefois, et quelles que dussent être les résolutions de la France et des autres puissances étrangères à l’égard d’Haïti, Pétion s’était hâté de compléter son système de rémunération nationale, pour les services rendus à la patrie. Il avait adressé un message au sénat pour lui proposer de rendre une loi qui accorderait des concessions de terre en don national, aux chefs de bataillon et autres officiers de grades inférieurs. Après en avoir démontré la justice, il termina ainsi son message :

« D’ailleurs, citoyens sénateurs, les biens que je vous propose de distribuer ont été conquis sur les ennemis de la liberté haïtienne ; ils doivent naturellement être la récompense de ceux dont le métier est de défendre l’État ; et puis, je pense que vous vous pénétrerez de cette grande vérité pour les États naissans : — qu’en augmentant le nombre des propriétaires fonciers, c’est donner une existence réelle et solide à la patrie. »

Quinze jours après, la loi était publiée. Elle accorda aux chefs de bataillon ou d’escadron, 35 carreaux de terre ; aux capitaines, 30 ; aux lieutenans, 25 ; et aux sous-lieutenans, 20 : à prendre dans les habitations caféières, et ce, en toute propriété et jouissance. Le Président d’Haïti en délivra les titres, au nom de la nation[1].

Poursuivant la réalisation de ses vues politiques et bienfaisantes, Pétion proposa encore au sénat d’accorder

    aurait eu aujourd’hui la gloire de remettre la Reine de l’Archipel américain a son Seigneur légitime. »

    J’ai vu ce document dans les cartons du ministère de la marine qu’il m’a été permis de consulter, et je le cite comme pièce historique. Il prouve qu’Isaac fut toujours constant dans son dévouement à la France, et l’on doit respecter un tel sentiment fondé sur ses convictions.

  1. Outre les concessions de terrains que les officiers de l’armée reçurent dans les campagnes, ils eurent la faculté d’acheter, à bas prix, les maisons ou portions de maisons des villes qui leur servaient de logement.