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reconnaissance de l’indépendance sur des bases équitables, et par les mêmes termes que l’indépendance des États-Unis avait été reconnue par l’Angleterre ; c’est-à dire comme Etat libre, indépendant et souverain.

Pour le moment, constatons seulement que par ces mots : — sur des bases équitables, — écrits dans les instructions données à Garbage, on est fondé à penser que Pétion songeait déjà à offrir à la France, une indemnité pour les biens fonciers des anciens colons, confisqués au profit du domaine public d’Haïti. C’était pour leur ôter le droit de réclamer de leur gouvernement qu’il les restaurât dans la possession de ces biens par les moyens violens de la guerre, et pour faire envisager à ce gouvernement lui-même qu’une telle transaction serait plus dans l’intérêt de la France, que toutes les tentatives qu’elle ferait pour s’emparer de son ancienne colonie.

De son côté, Christophe avait reçu des informations sur les événemens survenus en France, par Peltier, journaliste français à Londres, qui lui écrivit deux lettres en date du 21 mars et du 5 avril. Il lui fit répondre le 1 juin par le général Prévost, son ministre des affaires étrangères :

« Les détails que vous nous donnez des grands événemens qui viennent d’avoir lieu en Europe, et surtout en France, ont causé beaucoup de satisfaction au Roi… Vous avez dû remarquer dans les différens actes que le Roi a publiés depuis son avènement au trône, qu’il n’a jamais confondu le peuple français avec le gouvernement qui l’opprimait. Il a toujours offert aux paisibles négocians, sécurité, protection et commerce, quoiqu’il fût en même temps déterminé à repousser toute espèce d’ennemi qui entreprendrait de nous réduire à l’escla-