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Boyer cette noble mission, par sa longue administration.


Pétion avait un motif particulier en proposant la loi ci-dessus : il se disposait à expédier à Londres deux nouveaux navires de la flotte, — les brigs la Confiance et le Dromadaire, — chargés de denrées pour le compte de l’État.

Attentif aux événemens qui se passaient en Europe depuis le désastre éprouvé en Russie par l’armée française, et prévoyant ou la chute de l’Empereur Napoléon, ou la conclusion d’une paix entre lui et les puissances alliées, le président devait aviser aux moyens de garantir le pays des éventualités qui pourraient survenir de l’une ou de l’autre chose ; et dans cette pensée, il prit la résolution d’envoyer à Londres son secrétaire Garbage, en qui il avait une haute confiance. Garbage possédait fort bien la connaissance de la langue anglaise ; il y venait Wilberforce, T. Clarkson et les autres philantropes anglais, et par eux il apprendrait probablement ce qu’il importait à Haïti de savoir ; car la Grande-Bretagne ne pouvait manquer de jouer un rôle dans ce qui aurait été décidé à son égard.

Mais les événemens marchèrent vite, et Garbage n’avait pas encore quitté le Port-au-Prince, quand on y apprit le renversement de Napoléon et la Restauration des Bourbons en France. Pétion dut alors s’arrêter à une combinaison suggérée par le nouvel état de choses.

Les journaux anglais firent savoir le traité de Paris, du 30 mai, et le traité additionnel signé le même jour entre la Grande-Bretagne et la France, par lequel la première restituait à l’autre plusieurs de ses colonies conquises pendant la guerre. Quoiqu’il n’y fût pas question