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qu’il devait faire pour encourager le commerce et entraver la contrebande, pour le respect dû à la magistrature et aux lois, pour seconder l’action utile des agents de l’administration des finances, il lui dit :

« Il faut être accessible à tout le monde, compatissant et affable envers tous… Il faut, enfin, vous occuper du peuple, et ne jamais vous lasser d’être à votre devoir…[1] « Pénétrez-vous, général, de ce que peut un officier supérieur dans un commandement éloigné, lorsqu’il est revêtu, comme vous l’êtes, de la confiance du gouvernement. La patrie ne peut prospérer que par le zèle infatigable et persévérant de ses officiers supérieurs ; et plus leur situation est éminente, plus l’importance de leurs devoirs augmente. »

Bazelais se pénétra, en effet, de ces instructions judicieuses ; il eut le désir et la volonté de répondre à la confiance de son chef, de son ami, et il réussit parfaitement à remplir ses vues bienfaisantes.

On voit comment Pétion envisageait les choses dans les quartiers infestés par l’insurrection de Goman, à quelles causes principales il l’attribuait : les mesures qu’il prescrivit à l’égard des cultivateurs, mises à exécution, firent changer cette situation en peu de temps. Ce qui n’est pas écrit dans ses instructions, mais ce qu’il fit ensuite, accéléra la soumission d’un grand nombre d’insurgés et de leurs chefs : il envoya à Bazelais des brevets et des titres de concessions de terre, en blanc-seing, les premiers pour être délivrés aux officiers de Goman qui se soumettraient, les seconds pour les rendre propriétaires ainsi que leurs inférieurs venus avec eux[2].

  1. C’était son propre portrait que Pétion faisait dans ces recommandations.
  2. Au mois d’août suivant, le colonel César Novelet, l’un des fameux insurgés, s’étant