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selon le vœu du christianisme. Quand on sait l’influence qu’exerçait Pétion sur les esprits et les cœurs, la confiance qu’on avait en lui, en ses paroles, on ne peut que déplorer qu’il n’en ait pas fait usage au point de vue du mariage, qu’il ait répudié pour lui-même la sainteté de ses liens. Cependant, devenu le fondateur des institutions politiques du pays, il aurait dû comprendre que la stabilité d’un État dépend en grande partie de l’existence de la famille ; que celle-ci ne se forme que par l’union légale, légitime de l’homme et de la femme ; qu’elle maintient la concorde entre les enfans et tend aussi à celle des citoyens, à la paix publique ; que la famille, enfin, conserve la propriété.

La Religion, la Famille et la Propriété sont les bases fondamentales de la société civile. D’après les circonstances de son époque, il ne dépendait pas de Pétion d’organiser la hiérarchie religieuse dans le pays pour y faire fleurir la religion ; mais en consolidant la propriété par la distribution des terres, il aurait pu en même temps favoriser la formation de la famille par le mariage.

La civilisation à laquelle Haïti doit aspirer se rattachant à celle des nations chrétiennes, de la France surtout dont elle a emprunté sa législation, exige qu’elle suive leurs erremens, qu’elle adopte leurs mœurs et non pas celles des Turcs, par exemple, ou des peuplades africaines qui pratiquent également la polygamie : de là la nécessité de respecter les liens du mariage légitime, de favoriser cette institution civile et religieuse.


Tandis que le sénat statuait sur la plainte du négociant anglais, le Président d’Haïti rendait, le 3 février, une proclamation importante dans l’intérêt de la tranquillité