Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 8.djvu/63

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

général Benjamin Noël fit tirer l’alarme pour avertir les citoyens de tout ce quartier de se préparer à la défense, comme il s’y disposait lui-même, et il envoya un officier auprès du président. La garnison du Port-au-Prince sortit aussitôt avec lui et se rendit sur les lieux. Prévenu sans doute de l’arrivée de Pétion, l’ennemi se retira. Mais le président dut prévoir que cette manœuvre pourrait se renouveler souvent : il jugea qu’il était plus convenable d’abandonner le bourg et d’occuper la forte position de Trianon qui est plus rapprochée du Port-au-Prince.

Cette décision présentait trop d’avantages aux habitans et aux troupes, pour n’être pas accueillie avec empressement : les premiers démolirent immédiatement leurs maisons pour les rebâtir à Trianon, tandis que toutes les troupes réunies transportaient le matériel de guerre. Le président traça les fortifications qui devaient défendre ce point et où des pièces de canon furent placées. La position de la Terre-Rouge qui en est tout près, fut aussi occupée et fortifiée : le colonel E. Obas en eut le commandement et y réunit la plupart des militaires qui étaient venus avec lui du Nord.

Les habitans de tout le quartier du Mirebalais et des montagnes des Grands-Bois eurent désormais plus de sécurité par cette translation raisonnée, et ils purent se livrer avec plus d’ardeur aux travaux agricoles. Toutes les collines dans le voisinage de Trianon et de la Terre-Rouge furent cultivées en vivres qui alimentèrent les troupes en garnison dans ces deux points. À Trianon même, un gros bourg s’éleva sous les auspices de la sage administration du général B. Noël.

Après avoir passé une quinzaine de jours au milieu de