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sont faites. » Or, le pays avait besoin que la réforme des mœurs coloniales le plaçât dans la voie d’une civilisation progressive, ce qui dépendait de bonnes lois à cet égard et de l’exemple de ses chefs. Il en avait d’autant plus besoin, que la grande majorité du peuple vivant dans une polygamie traditionnelle, on était encore privé du concours toujours efficace de la Religion dont les saines croyances moralisent les hommes, en leur inspirant l’idée féconde, le sentiment délicat de l’union légitime avec leur femme. Il y avait des prêtres catholiques ; mais la plupart d’entre eux donnaient aussi le fâcheux exemple de la dissolution des mœurs, ce qui les faisait influer en sens contraire à leurs devoirs religieux.


Quelques semaines avant la promulgation de cette loi, le 22 septembre, le digne général Wagnac était mort aux Cayes d’une maladie de langueur : son corps fut inhumé dans l’église de la paroisse. Universellement regretté pour sa conduite toujours honorable, il le fut surtout par Pétion qui avait su apprécier ses services et ses vertus privées.

Le président voulait le remplacer au chef-lieu du Sud, par le général Borgella qui vint au Port-au-Prince dans cette circonstance. Mais ce dernier déclina cette offre que le général Boyer fut chargé de lui faire, en exposant qu’il craindrait que les hommes qui l’avaient abandonné en 1812, ne crussent à un esprit de rancune de sa part dans les moindres mesures d’ordre qu’il prendrait. Il avait raison de penser ainsi, car il y avait encore trop peu de temps écoulé depuis les événemens de la scission du Sud.

Sur son refus, le général Marion, qu’il était dans sa