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de défendre la cause diplomatiquement, c’est qu’il savait que l’instruction est la plus solide garantie de la liberté et de l’indépendance, parce qu’elle entretient et fortifie le patriotisme qui porte à défendre ces droits, et qu’elle assure le développement de la prospérité et de la civilisation d’une nation.

L’élection des représentans des communes vint bientôt après former la chambre législative, dont les travaux donnèrent à la République des lois appropriées plus ou moins à sa situation, selon les lumières du moment.

Presque en même temps, il s’opérait dans la rade du Cap une capture importante de malheureux Africains arrachés de leur terre natale pour être faits esclaves dans l’île de Cuba. Rendus à leur liberté naturelle, ils furent les précurseurs d’autres infortunés en plus grand nombre qui, une année après, furent capturés aussi sur les côtes de la République et libérés dans son sein.

Au moment où la situation du pays n’offrait que des chances heureuses pour l’avenir, que le présent prouvait la consolidation de l’ordre public par une prospérité croissante, la mort naturelle de Pétion vint porter la désolation dans tous les cœurs, en faisant éclater les sentimens les plus sincères du regret universel éprouvé par la perte de ce grand citoyen.

Le général Boyer fut appelé à le remplacer dans la présidence à vie de la République, et se montra digne du choix du Sénat, par les mesures qu’il prit dans ces douloureuses circonstances. Accepté loyalement par les généraux, ses compagnons d’armes, il le fut aussi, à leur exemple, par l’armée et les citoyens : ce qui prouva la solidité des institutions républicaines fondées par Pétion. Boyer, suivant sa politique, s’empressa de donner des