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et de l’argenterie, dits de la couronne, qui avaient été pillés à Sans-Souci et dans les autres châteaux ou palais de Christophe, attendu que tous ces objets appartenaient à l’État ; et la restitution à des officiers généraux et des particuliers, de beaucoup d’animaux qui leur furent dérobés dans les momens de désordre qui suivirent la révolte du Cap et la mort du tyran. Cet acte était basé sur les considérations les plus morales, afin d’inspirer en même temps des idées d’ordre et de subordination et des sentimens d’honneur, aux populations qui avaient secoué le joug affreux de Christophe. Mais il ne produisit aucun effet, quant aux restitutions ordonnées, parce qu’aucun des pillards ne voulut s’avouer coupable par l’exécution de cette mesure : en restituant au trésor, chacun devait en prendre récépissé de ce qu’il aurait remis ; c’eût été le moyen de se faire connaître. On considéra cet acte comme intempestif, puisque le gouvernement ne pouvait contraindre les généraux eux-mêmes, à restituer au trésor les sommes qu’ils avaient enlevées à la citadelle ou ailleurs.

Le président fit mieux sans doute, en ordonnant des revues de solde en faveur des troupes de Christophe, en congédiant les vieux soldats auxquels il délivra de nombreuses concessions de terrain, à titre de don national, pour rémunérer les services qu’ils avaient rendus à la patrie, en même temps que les généraux et les officiers de tous grades recevaient leurs dons nationaux, comme ceux de l’Ouest et du Sud.

Il forma aussi des commissions chargées de répartir entre les cultivateurs des habitations possédées par Christophe, à titre de domaine de la couronne, le quart des denrées existantes sur ces biens qu’ils avaient cultivés ; et d’autres commissions pour la vérification des