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pensable au bonheur de tous les citoyens. Et sous l’inspiration de ses propres sentimens de satisfaction de voir cesser la guerre civile qui fit leur malheur, en entrant au Cap par la Barrière-Bouteille, le 26 octobre, Boyer dit : « Cette ville devient aujourd’hui le Cap-Haïtien.  »

Son entrée se fît entre la division Magny et la division Borgella. Il était précédé et escorté d’un nombreux état-major ; la population de cette ville l’accueillit par de chaleureuses acclamations, aux cris de : Vive la République ! Vive le Président d’Haïti ! tandis que les cloches de l’église étaient en branle et que l’artillerie des forts le saluait[1] Il assista aussitôt à un Te Deum qui fut chanté pour remercier et louer Dieu de l’heureux terme qu’il mettait aux dissensions intestines des Haïtiens, sans effusion de sang. Boyer occupa ensuite le palais situé près de l’église, sur la place d’armes, le même qui servait à Christophe.

Dans la même journée, il lit publier la constitution de la République et une proclamation adressée aux Haïtiens. Il y disait :

« Les temps de discorde et de division sont passés… Le jour de la réunion et de la concorde, le plus beau de ma vie, est enfin arrivé[2] !… Enfans de la même famille, vous êtes tous ralliés à l’ombre de l’arbre sacré de la Liberté : la Constitution de l’État est reconnue dans tout Haïti. Du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest, la République ne compte plus que des citoyens dévoués à sa prospérité et à son indépendance.

  1. Un peintre haïtien, du Cap, a fait le tableau historique de l’entrée de Boyer en cette ville, qu’on voyait au palais du Port-au-Prince.
  2. En ce moment, Boyer put comparer sa haute position au Cap-Haïtien, à celle ou il s’était trouvé dans la même ville, en 1802, lorsqu’il faillit d’être noyé par rapport à ses liaisons d’amitié avec Pétion. En 1820, il en recueillait tous les avantages.