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propres envoyés, toutes les assurances possibles sur mes intentions pacifiques. Je n’ai pour boussole que la constitution de la République, qui a été l’ouvrage des Représentais du peuple, tant du Nord que des autres départemens. Je ne suis dominé par aucune ambition particulière ; je n’agis que pour faire mon devoir. Je me plais à croire, qu’après avoir concouru à abattre la tyrannie de Christophe, vous ne voudriez pas méconnaître le gouvernement légal de la Nation et compromettre, par de fausses vues, la sécurité publique.

Je n’ai jamais fait un acte qui fût contraire à mes devoirs. En répondant à Sir Home Popham, sur sa proposition, que je formais des vœux pour la réconciliation des Haïtiens, je n’ai pu penser porter atteinte à la constitution de l’Etat ; je ne pouvais pas non plus le faire.

L’armée qui s’avance avec moi ne compte, dans le Nord, que des frères et des amis ; elle n’est point destinée à combattre : je l’ai déjà dit, et je le répète avec plaisir. Si on veut s’opposer à sa marche, on pourra l’essayer  ; les premiers coups ne partiront pas d’elle ; mais, malheur à celui qui oserait donner le signal de la guerre et du deuil ! Il sera responsable à la Nation, à l’univers entier, du sang qu’il fera verser et duquel je serai toujours très-avare. La postérité le jugera d’après les faits qui seront clairement exposés aux philanthropes des deux mondes.

Signé : Boyer. »

La première remarque à faire sur la lettre des généraux du Cap, c’est qu’elle reprenait la formule des actes de 1807 : liberté, — indépendance, et non pas égalité, comme dans la République[1] ; ce qui nous porte à penser

  1. Au commencement de 1807, Christophe adopta cette formule dans ses actes ; à la fin de