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ces généraux y avaient été contraints par les événemens accomplis à Saint-Marc et dans l’Artibonite ?

Quoiqu’il en soit, le même jour, 17 octobre, le Président d’Haïti publia un ordre du jour pour annoncer la mort de Christophe. Dans le premier paragraphe de cet acte, il relata les circonstances qui avaient amené cet événement, de manière à ne pas admettre que le soulèvement du Cap et la défection de la garde haïtienne eussent eu un autre but que celui de se réunir à la République d’Haïti, une et indivisible.

« Le Président d’Haïti, dit-il, s’empresse de témoigner sa satisfaction, au nom de la patrie, à tous les Haïtiens qui, dans ces circonstances, ont servi utilement la cause de la liberté et de l’égalité, et de leur assurer que rien ne sera épargné pour adoucir leur sort. Les militaires qui sont en retard de faire leur soumission, doivent se présenter sans crainte. La République est clémente, parce qu’elle est forte ; elle n’a que des enfans à réunir et point d’ennemis à combattre : ceux-là, seuls, qui oseraient résister au vœu du peuple, en se conduisant par des vues particulières, seront livrés au glaive de la loi… Il est défendu de faire couler le sang de personne : celui qui se le permettra sera considéré comme assassin. Le Président d’Haïti doit parcourir toute la partie du Nord, avec des forces imposantes, non pas pour conquérir, mais pour concilier et pacifier. Le peuple veut être libre, il le sera : la constitution, seule, peut lui garantir ce précieux avantage, parce que la constitution de la République est l’ouvrage de ses Représentans. »

Cet ordre du jour était aussi habilement écrit que pensé. Il reconnaissait les services que les militaires du Nord venaient de rendre à la patrie commune ; ils ne