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sans doute pour en faire la propagande dans son corps ; à son retour, il en parla à son chef de bataillon qui en fît le rapport au général Romain. Aussitôt, Romain quitta la Petite-Rivière avec Bazin, devenu général et comte des Verrettes, et se rendit à Saint-Marc, à la tête d’un bataillon d’infanterie et de quelques escadrons de cavalerie : il y arriva dans la soirée du dimanche 1er octobre.

Le lendemain, il passa la revue et l’inspection des troupes, artillerie, 8e, etc., sans rien dire de ce qu’il savait ; mais il convoqua dans son logement, pour l’après-midi, tous les officiers de ces corps. Là, il leur demanda des renseignemens sur la trame qui s’ourdissait dans la garnison ; tous lui répondirent qu’ils l’ignoraient. L’un d’eux lui proposa de s’en informer par les sous-officiers, en désignant le sergent-major Antoine, de la 8e dont l’intelligence et la résolution étaient remarquables : la nuit allait se faire en ce moment, Romain envoya un aide de camp appeler Antoine ; il s’adressait justement au chef de la conjuration.

Antoine, se considérant perdu s’il se présentait par-devant le général, communiqua instantanément à ses compagnons la résolution de prendre les armes dans le moment même, après avoir répondu à l’aide de camp qu’il allait le suivre. Loin de se rendre chez Romain, il sortit avec un fort détachement de la 8e, afin d’aller rallier d’autres militaires de ce corps qui étaient dans divers postes et de prendre des munitions à l’arsenal que gardait l’artillerie : il y réussit, parce que les sous-officiers et soldats de l’artillerie étaient leurs complices.

Dans ces entrefaites, le général Jean Claude avait monté à cheval pour inspecter les postes et veiller contre toute surprise ; il vint à rencontrer un des détachemens